RELOOKAGE, UN AUTRE (RE..) DANS LES OPÉRATIONS URBAINES.

Le Quotidien d’Oran du jeudi 15/12/2011 en page 23, en bas à gauche : “Ali Mendjeli: 5 milliards de Dinars pour un “relookage profond””. Une batterie supplémentaire d’équipements socio-économiques et éducatifs, mettre fin à l’incohérence urbanistique, traitement des espaces publics, voilà en gros le contenu du programme de “relookage”. Les raisons avancées se résument à

cette éternelle litanie: “construite sans étude urbanistique profonde”. Il fallait dire dans l'”urgence”….Quoique il n’y avait aucune urgence en 1992…

Bref. Cette ville nouvelle est un véritable exutoire aussi bien pour les autorités, pour faire du marketing politique en relogeant les plus chanceux et pour nous aussi parce que nous nous arrêtons pas de “scier” cette lugubre production et ses concepteurs. Mais voila, quand on avance “la faiblesse des études”, on vise qui, les architectes? Les administrateurs? les deux? ou le sort ?

Voila une ville qui n’a pas d’histoire et qui a déjà besoin d’être relookée…Même pas 20 ans! 

“Quand on aime on a toujours 20 ans” dit la chanson. Quand on n’aime pas on vieillit rapidement…

La vieillesse précoce a atteint la ville nouvelle. Elle agonise , tout le monde à son chevet attend sa mort patiemment…si les autorités ne se précipitent pas pour décréter sa fin et faire son deuil…et ensuite la “tabula rasa”.

Tout se fait dans la précipitation, dans l’urgence même si rien ne presse…

Et maintenant que le mal est fait, il faut tirer les enseignements requis: il faut des études profondes, fiables, intelligentes, prospectives, pertinentes… avant d’entamer les opérations urbaines..Sinon dans quelques années on relookera encore..

Mais, il me semble que c’est bis repetita: le relookage parle en milliards, personne ne s’est soucié de ce vieillissement précoce..On est en train de procéder à des liftings à un corps mou, boutonneux, pouilleux et frigide. Ce corps incapable de lutter ou de se préserver des attaques virales…il faudra réveiller en lui sa capacité de résistance, le dynamiser. En d’autres termes, ce réveil ne viendra que par ses habitants dont “l’image” de l’infamie connote leur cadre, un image préconçue bien établie chez les autres…

20 ans pour une ville nouvelle, et déjà le lifting…Qu’est ce que c’est pour “sa mère” juste à côté et qui à 3000 ans? Mêmes les générations qui procèdent à son relookage ont eux aussi besoin d’être relookées…

C’est vrai, la joie procurée par un nouveau-né est toujours immense! Mais quand une vieille femme met au monde un enfant…il faut s’attendre au pire….

Chez nous on dit “une vieille, et en plus elle a accouché d’un enfant!”…Toutes les attentions sont juste pour elle…La suite, seul Dieu sait…..

En tout cas nous allons faire entrer dans notre vocabulaire urbanistique le terme “relookage”, oublié il est vrai par Merlin et Choay dans leur célèbre Dico. 

A.BOUCHAREB

le 16/12/11