« Conceptualiser » l’espace urbain

« Conceptualiser » l’espace urbain contextualisé?  

 Ce n’est pas prétendre apporter des réponses achevées, mais  entend plutôt apposer un regard en «  mode  interrogatif »  sur la situation urbaine. En somme, l’identification et la définition des facteurs liés à la « dilatation »  fonctionnelle ou symbolique des espaces urbains ou à leur déclin  (souvent prématuré) portent les fondements de la problématique de leur « devenir ».

 L’espace urbain est-il réductible à ses propriétés intrinsèques ? Sont-elles assez puissantes pour assurer sa permanence ? Pour quelles raisons certains espaces urbains périclitent-ils ? Quels sont les apports des « enjeux » sociaux, économiques et culturels dans la « re-production » de l’espace urbain ?

 Autant d’interrogations susceptibles de guider la présente question vers la construction des prémices d’une problématique relative à leur impermanence[1].

 Donc, il s’agira de déterminer les qualités de « définition »  de l’espace  urbain dans un souci de conceptualisation.

 Mais comment identifier les qualités intrinsèques de  l’espace urbain sans tomber dans l’univocité? Par quelle méthode ?

 L’espace urbain, un produit social?

 Les entités principales définies par les existentialistes ont chacune une essence : la nature et l’homme. Ce dernier ne peut exister qu’en déployant une somme d’actions sur la nature pour signifier sa présence. Habiter est l’ultime signification d’une présence s’inscrivant dans la durée. Et donc pour agrémenter cette présence, l’homme construit son « monde », un monde signifiant, « poétique », un monde « habitable ». Produire un espace est le résultat d’un processus « productif », c’est-à-dire un aboutissement signifiant et utile d’un travail puisant sa force créatrice dans les connaissances et les expériences accumulées pour « modeler » la matière brute.

 Mais « produire » un espace reste un processus assez « obscur », étant déjà inscrit dans les catégories à priori[2]. La matière (ici l’espace) n’est-elle  pas un « étant »  naturel ? Et le produit de la « cause finale » ou telos diffère-t-il de la matière de la cause « matérielle » ? 

 Dans l’acception aristotélicienne, l’intervention de la cause « efficiente » sur la matière produit un « produit ». Cette  dernière est l’attribut  d’un processus humain.  Ainsi, de la cause matérielle à la finalité, la matière passe  d’une situation « chaotique » à une formalisation signifiante.

 L’espace « signifiant » participe d’un processus de transformation d’un « étant » naturel à un « étant » signifiant. L’espace urbain, produit humain, est issu de l’aménagement de l’espace naturel pour développer le continuum de la cité et de ses artefacts.


[1] Récemment un appel à contribution concernant l’impermanence et des phénomènes qui gravitent autour. « La ville s’excède elle-même, épuise la figurativité associée à l’urbain et provoque une rupture des schémas dominants. Mais tout cela se fait-il au nom de l’impermanence ? »  est  des questions-clés de l’appel. C’est dire l’originalité  des directions et des « angles » d’approche du phénomène urbain. (consulté sur le lien :  http://calenda.org/233131).

[2] Ici, nous faisons allusions aux catégories de Kant. Les phénomènes ne peuvent être possibles que par une représentation de l’espace. Sa présence est de l’ordre du « sensible », donc  une intuition à priori.    

A.BOUCHAREB

Avril 2013

 

About wahab2

ARCHITECTE URBANISTE PROFESSEUR . Département d'Urbanisme. Université Constantine 3
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